Le temps
Celui des obligations et des compromis, celui qui nous manque et qui ne revient jamais.
Ce temps toujours à l’heure au rendez-vous et nous, à courir pour le rattraper.
Le temps d’Aznavour, de Brel, de Ferré. Ce temps qui passe et qui ne nous attend pas.
Ce temps que nous ne prenons plus pour se poser de simples questions comme celle-ci : d’où vient le mohair de notre petit pull acheté 24,99 € ?
Et justement cette fibre mohair vous l’avez consommé et nous l’avons travaillé pendant des années sans jamais se poser de questions. Cette fibre mohair, dévalorisée à grand renfort de mélanges synthétiques, continuait à distiller chaleur et douceur à bas coût.
Cette fibre mohair, dont la traçabilité nous importait peu, était devenue une simple valeur marchande. Jusqu’à ce jour de mai 2018 où l’ensemble de la profession apprenait par une vidéo de Peta le supplice des tontes liées à une production de masse en Afrique du Sud, d’où provient plus de la moitié du mohair vendu dans le monde.
Avons-nous été surpris ?
Le temps!
Prendre le temps de se poser de simples questions. Des questions qui en amènent d’autres, comme celles du bien-être animal.
Le Mohair des fermes de France
C’est l’histoire d’une poignée d’éleveurs qui s’aventurent au Texas au début des années 80 pour aller y chercher des chèvres angoras que l’on ne trouve plus en France.
Nos aventuriers de retour au pays se lancent dans un long processus de sélection pour obtenir leur « toison d’or ». Un mohair d’une haute qualité dont les fibres les plus fines, le Kid Mohair ou mohair de chevreaux, nous a permis de concevoir notre pull Brume.
Mais cette qualité aux propriétés exceptionnelles reste encore méconnue. Ces pionniers réalisent qu’il est difficile de vendre leur mohair à l’état brut. Les coûts de production sont très élevés pour passer d’une toison à un fil et leurs quelques chèvres ne fournissent pas assez de mohair pour que des filatures acceptent de travailler avec eux.
C’est là que commence une autre aventure humaine. Il leur faut fédérer, s’agrandir, convaincre d’autres éleveurs de se lancer dans l’élevage de chèvres angora. C’est en 1995 qu’ils se réunissent pour créer leur coopérative : Sica Mohair. Elle dirige les différentes étapes de transformation, facilitant ainsi le travail des éleveurs.
Quelques années plus tard ils déposent à l’INPI leur marque de certification. Le Mohair des fermes de France est né. Celui-ci est attribué exclusivement aux éleveurs membres de la coopérative, ceci afin de garantir la provenance et la qualité de leur mohair.
En moyenne, les troupeaux des éleveurs membres de la Sica Mohair sont composés de 70 chèvres. On est bien loin de l’élevage de masse. Dans ce cadre presque intimiste les éleveurs veillent au bien-être de leurs bêtes que certains considèrent presque comme leurs enfants. Les chèvres sont tondues deux fois par an. Corinne, directrice de la coopérative Sica Mohair, admet volontiers que la tonte, d’une dizaine de minutes, n’est pas le moment préféré de la chèvre. Mais elle ne souffre pas et est allégée du poids de sa toison. Après avoir débarrassé la fibre de ses impuretés les éleveurs apportent le fruit de leur travail à la Sica Mohair. La coopérative prend alors le relais.
C’est à Biella en Italie que les toisons sont lavées puis filées chez Polipeli. La teinture peut se faire sur place ou en France (en Vendée) selon les besoins de la coopérative. Cette étape n’est cependant pas obligatoire et le fil peut rester au naturel « écru » comme c’est le cas pour notre pull Brume.
Notre pull Brume a été imaginé et développé par Valérie en mai 2019 dans notre atelier à Paris. Tricoté en intégral sur des machines Stoll par Alexandre et Norai Agopoglu en septembre 2019 à Clamart en région parisienne. Le Mohair des fermes de France a été lavé puis filé en Italie. Le fil est en écru naturel, il n’a fait l’objet d’aucune teinture.